"Depuis un mois, Greenpeace France mène des actions pour dénoncer les investissements de l’entreprise Total dans la production de pétrole à partir des sables bitumineux canadiens. Ces actions se situent en soutien à celles menées dans la province de l’Alberta (1) par Greenpeace Canada.
Ce type de pétrole, du fait de son mode d’extraction et de fabrication, est considéré comme le plus sale du monde et le plus émetteur de CO2. A la base, il s’agit d’un mélange de sable, d’argile, d’eau et de bitume lourd. Les opérations de production consistent à extraire le bitume de ce mélange et le transformer en pétrole liquide. Dans la grande majorité des cas, l’exploitation canadienne s’effectue dans des gisements à ciel ouvert, nécessitant la destruction d’immenses étendues de forêt (2). D’importantes quantités d’eaux usées (3), très toxiques, sont rejetées sans traitement dans la nature, polluant ainsi les lacs et rivières de la région. Cette production nécessite une grande consommation énergétique, consommation qui, couplée à la déforestation, entraîne des émissions de gaz à effet de serre, avant même l’utilisation de la première goutte de pétrole.
En France, les actions de Greenpeace ont pris différentes formes. Le 8 octobre, une trentaine de militants de Greenpeace ont pénétré sur le site de la raffinerie de Total de Gonfreville-l'Orcher, située près du Havre en Normandie, et y ont déployé trois bannières. Le 17 octobre, des bénévoles des groupes locaux de Greenpeace ont investi des stations essence de la compagnie Total dans onze villes de France.
En Alberta, des militants venus du Canada, du Québec, de France, du Brésil, et d’Australie ont successivement occupé et bloqué trois sites différents, deux mines à ciel ouvert, puis une usine en construction.
Par ces actions, Greenpeace veut dénoncer le double langage de Total en insistant sur le fait que : « Total s'offre des campagnes de publicité pour verdir son image et mettre en avant ses investissements dans les énergies renouvelables. Le montant de ces investissements s'élève en réalité à 250 millions d'euros d'ici 2010. Total investit bien plus dans les sables bitumineux : 2,5 milliards de dollars à l'heure qu'il est, 20 milliards dans les vingt années à venir ». Selon Greenpeace Canada, Total a pour objectif de faire monter à 10 % sa production de pétrole issue des sables bitumineux.
Il est a préciser que le français Total n’est pas le seul exploitant des sables bitumeux canadiens, des entreprises telles que le groupe Anglo-néerlandais Shell et le chinois Petrochina investissent, eux aussi, des milliards de dollars, dans cette région du monde.
Michel Sage
Photo © Greenpeace / Ray Giguere